Les « autonomos » espagnols sont de moins en moins nombreux. Une tendance compensée par une activité plus intense des travailleurs indépendants étrangers. Les entrepreneurs d’origine chinoise sont les seuls à enregistrer une hausse du nombre d’inscriptions à ce statut en août 2011. Malgré une hausse des inscriptions au régime des indépendants au premier semestre 2011, de nombreux entrepreneurs cessent leur activité et, compte-tenu de la différence entre les inscriptions et les cessations, l’Espagne a perdu un total de 10 478 travailleurs indépendants en un an. Une tendance qui semble ne pas toucher les résidents étrangers. Si le nombre total d’indépendants a chuté de 0,4% en août, celui des travailleurs étrangers baisse à un rythme inférieur (0,3%), et celui des indépendants chinois a même augmenté (+0,7%). Le commerce et l’hôtellerie sont les secteurs qui s’en sortent le mieux et enregistrent de nouvelles inscriptions, contrairement à celui de la construction et des professionnels scientifiques et techniques. L’Espagnol manque-t-il d’esprit d’entreprise ? Pour Sebastián Reyna, secrétaire général de l’Union des professionnels et travailleurs indépendants (Upta), la motivation plus importante des travailleurs étrangers explique cette tendance : « alors que les Espagnols veulent simplement améliorer [leur situation], les immigrés sont prêts à prendre davantage de risques et faire davantage de sacrifices ». Agustin Gonzalez Villalbra, directeur de la fédération espagnole des indépendants (Ceat), déplore quant à lui « le caractère latin de l’Espagnol, son manque d’esprit d’entreprise » et pointe du doigt le système dans son ensemble. « Il faut encourager l’esprit d’entreprise dès l’école, et l’appuyer avec d’autres types de formations, des déductions fiscales, des aides financières, etc. » explique-t-il. A contrario, la réputation de travailleurs disciplinés et courageux des Chinois semble être une réalité si l’on s’intéresse aux derniers chiffres officiels. Ils représentent 16,6% des indépendants étrangers en Espagne et continuent à augmenter en créant sans cesse de nouvelles activités. « [l’image que nous avons des Chinois] n’est pas un mythe, conclut Sebastián Reyna, ils ont une grande capacité de travail, une unité familiale qui ne néglige pas la scolarisation, et une grande mise à profit des horaires d’ouverture en toute légalité ». Aurelie Chamerois