Les Baléares, fer de lance du tourisme espagnol, s’apprêtent à vivre un été mouvementé au milieu des valises de touristes impatients de dorer au soleil qu’ils ont réservé il y a déjà plusieurs mois. En tête de liste, Majorque pourrait bien caracoler avec des taux de remplissage plus qu’honorables, mais aux dires des hôteliers de l’île, il n’en va pas vraiment ainsi.
Inmaculada de Benito, gérante de la Fédération des entreprises hôtelières de Majorque (FEHM), a déclaré au journal électronique preferente.com que le niveau des réservations anticipées de cette année se situait entre 10% et 15% au-dessus de la moyenne de 2012. L’aéroport de Majorque a même atteint en mai dernier son record de trafic de passagers sur les dernières années. Certaines propriétés de l’île ont même choisi d’arrêter les ventes avant d’atteindre leur taux de remplissage, en particulier dans des domaines comme la Playa de Palma, Palmanova-Magaluf, Peguera, Cala Millor ou encore Alcudia. L’hiver interminable qu’a connu l’Europe cette année a sans aucun doute contribué à l’augmentation des réservations anticipées. De fait, les principaux marchés de l’archipel des Baléares se révèlent être l’Allemagne, le Royaume-Uni et les pays nordiques. Mais bien que les hôteliers majorquins s’attendent à une saison record du fait d’une période de réservation anticipée très animée, le sempiternel problème d’une rentabilité insuffisante revient au galop. «Nous avons des réservations qui augmentent mais cela s’accompagne d’un véritable problème qui est que nos résultats souffrent de ces mêmes réservations qui se font à des tarifs 20 à 30% moins cher», affirme Benito. Ainsi, il devient de plus en plus difficile pour ces entrepreneurs d’atteindre leur seuil de rentabilité, face à la vague de réservations anticipées réalisées à moindre coût. D’un point de vue stratégique, l’enjeu selon la FEHM est aujourd’hui de réussir à fidéliser ces clients empruntés à des destinations concurrentes de la région méditerranéenne, dont l’insécurité a rebuté des milliers de touristes. Comment faire ? « En mettant l’accent sur la sécurité, en repensant ses infrastructures, en ajoutant des activités et services à forte valeur ajoutée comme les spas et programmes d’animations complets, en assurant un accueil de qualité par la formation du personnel, etc. » d’après Benito. Aussi le contexte juridique constitue un enjeu de taille pour la FEHM, qui rencontrait ce lundi 3 juin le Conseiller à l’Economie et à la Compétitivité Joaquin Garcia, signale le quotidien des Baléares Ultima Hora. L’objet de la rencontre était justement l’impact des différents leviers d’imposition sur l’économie touristique et la position du gouvernement sur cette mesure. Le président du FEHM a d’ailleurs salué l’annonce récente sur l’ajournement de la loi de mesures fiscales à la fin de la saison touristique, appelant à la stabilité juridique.