C’est l’histoire d’un quartier peu banal, celui situé à proximité du port et de la plage de Valencia : Le fameux Cabanyal, autrefois simple village de pêcheurs, zone maritime ignoré, dédaignés par une majorité mais qui aujourd’hui tient sa revanche avec un coté à la fois charismatique, cosmopolite et insolite.
Un quartier sans histoire ?
Le Cabanyal a toujours, il faut le dire aussi, une réputation sulfureuse …supermarché à ciel ouvert de drogue en tout genre, squatté plus qu’habité, la population qui y vivait jusque là en faisait une zone de non-droit ou insécurité et insalubrité se disputait la vedette…et puis les choses changent, le temps passe… Quartier maudit pour certains qui n’y voyaient que décadence et déshérence, mais pour d’autres, quartier trendy qui fait aujourd’hui l’objet d’une spéculation immobilière sans précédent.
Car depuis que quelques “guiris” ont jeté leur dévolu sur de charmantes maisons achetées il y a quelques années une bouchée de pain, depuis que quelques travaux d’amélioration urbanistique ont été financés et réalisés par la mairie, le quartier commence à avoir vraiment du charme et une âme : les rues principales offrent un alignement de maisonnettes dont les façades multicolores laissent deviner des intérieurs rénovés et parfois ultra-modernes et luxueux…Tout cela à 5 minutes de la plage. Du coup, de nouveaux commerces et d’agréables restaurants se sont également installés ce qui contribue à en faire un quartier où il fait déjà bon vivre…Et pourtant il y a quelques années, Le Cabanyal devait être en grande partie rasé pour laisser place au prolongement de l’Avenida Blasco Ibañez ainsi qu’à des bâtiments modernes. C’était compter sans la résistance des habitants et des opposants politiques qui ont bataillé ferme pour faire avorter ce projet qui tenait tant à cœur à l’ancienne majorité municipale de Rita Barbera.
No futur ?
Mais la renaissance de ce quartier demeure extrêmement lente et très limitée en nombre de rues ou en kilomètres carrés ,car en dehors de ces quelques axes qui ont fait peau neuve ces dernières années (avec une nette accélération depuis 2 ans), en dehors de cela, certains endroits font peur tant le niveau de délabrement et d’insalubrité font concurrence à des villes du tiers-monde. Cette étrange cohabitation laisse pantois le visiteur qui en changeant seulement de trottoir, change en même temps d’ambiance, c’est le moins que l’on puisse dire…
Du coup, presque uniquement les rues comme Reina, Barraca o calle Mediterráneo attisent les convoitises et les prix s’envolent ! du simple au double ou au triple en 5 ans seulement et 90% de ces achats sont réalisés par des étrangers, Français, Anglais Allemands ou Belges qui investissent soit pour avoir un pied-à-terre (tout en le louant via Airbnb pour rentabiliser), soit pour y vivre une paisible retraite. Mais cet afflux d’étrangers qui ont les moyens de payer sans emprunter représente un problème majeur pour les Valenciens désireux eux aussi d’acquérir un bien dans cette zone : s’il veulent acheter une maison avec une hypothèque au prix par exemple de 150 000 euros, la valeur réelle du bien sera estimé par un expert à beaucoup moins, 80 000 par exemple, et donc le crédit qu’ils obtiendront sera souvent insuffisant pour eux.
Quant à l’autre partie du Cabanyal, appelée aussi “Zona Cero”, ceux qui sont audacieux et patients commencent à s’y intéresser : d’ici quelques années ces rues devraient faire enfin l’objet de sérieux investissements d’aménagements urbanistiques qui tardent certes, mais qui tôt ou tard permettront à cet endroit d’en finir avec la drogue, les squatteurs et l’insalubrité. Les 30 millions d’euros débloqués en 2017 par la mairie de Valence et l’Union Européenne pour financer des projets de réhabilitations et venir en aide aux familles marginales devraient donc permettre cette amélioration tant espérée.
Le Cabanyal dans son ensemble sera alors devenu peut-être un quartier enchanteur dans lequel pourront cohabiter (sans se ruiner et en toute sécurité ) résidents étrangers, valenciens et touristes de passage.
Laurence Lemoine