La saison en termes de ventes et recettes aura été sans doute parmi les plus difficiles pour le secteur agricole valencien qui dénonce une situation préoccupante ainsi qu’un manque d’aide de la part des pouvoirs publiques.Le prix des oranges, mandarines, citrons et pamplemousses ont chuté et souvent les agriculteurs vendent à perte quand ils ne préfèrent pas laisser les fruits pourrir sur pieds, car dans certains cas, pour limiter leurs pertes, ils “choisissent” de ne pas employer de personnel pour récolter les fruits… C’est la triste réalité d’un secteur économique pourtant de premier plan, mais dont la vulnérabilité cette année est particulièrement alarmante.Les membres d’AVA (Asociación Valenciana de Agricultores), se lamentent égrenant les nombreux facteurs aussi bien structurels que conjoncturels qui explique cette grave crise : selon eux, Bruxelles, le gouvernement central de Madrid, mais aussi les responsables politique de la région de Valence n’ont pas voulu et su protéger ce secteur victime d’une concurrence internationale de plus en plus forte et d’intempéries. Ainsi, l’arrivée d’orange en provenance d’Afrique du Sud, mais aussi du Maroc, d’Egypte et de Turquie : L’AVA souligne que des centaines de millions de tonnes d’agrumes en provenance de ces pays mais aussi d’Argentine et du Brésil ont envahi l’Europe ces dernières années, concurrençant les agrumes espagnols alors que les conditions de travail, environnementales, fiscales et phytosanitaires ne sont pas les mêmes que dans l’Union européenne.Cette concurrence (jugée déloyale et favorisée par les accords négociés par Bruxelles), conjuguée aux intempéries (fortes pluies en automne et grêle), à un manque d’innovation technologique ainsi qu’à des faiblesses dans l’organisation commerciale de l’ensemble de la filière, ont provoqué une nette chute du prix à l’achat au producteur, mais sans répercussion au niveau du consommateur final puisque les prix en magasins se maintiennent, permettant aux intermédiaires de conserver leurs marges. Certaines variétés, cette année ont été payées 10 centimes du kilo à l’agriculteur alors que l’an dernier, le kilo était à 25 centimes. Pas de quoi évidemment payer les coûts de production.D’autres raisons comme une baisse de la consommation d’agrumes, un problème de variétés et de surproduction dans certains cas, expliquent les graves difficultés que traverse cette année un secteur pourtant leader sur le plan mondial. Selon l’IVACE (Instituto Valenciano de Competitividad), la Comunidad Valenciana c’est-à-dire ses 3 provinces (Castellon, Valencia et Alicante) représente 65 % de la production d’agrumes espagnoles et 76 % des exportations, permettant à l’Espagne d’être le premier producteur d’agrumes de l’Union européenne et le 5ème mondial.
Laurence Lemoine