La bulle immobilière qui a touché l’Espagne dans les années 2000 fait encore des ravages.
Des blocs d’immeubles non terminés, des grues en arrêt, etc., ce décor de villes fantômes est celui que l’on retrouve dans différentes localités de la péninsule. De Buniel près de Burgos, à El Quiñon près de Madrid, en passant par les alentours de Bilbao et de Barcelone; toutes les provinces ont été touchées. C’est aussi le cas de Barreiros, un village de 2.900 habitants au nord de la Galice.
6.000 résidences prévues
En 2006, son maire, Alfonso Fuente Parga, a voulu faire construire 6.000 résidences pour transformer sa municipalité en véritable capitale touristique. Il espérait ainsi attirer des milliers de vacanciers en quête de résidences ou d’appartements secondaires au pied de la mer cantabrique.
Contactée par El Confidencial, l’équipe municipale reconnaît avoir fait une erreur avec ce projet, pourtant décrié depuis le début: “Cela a été exagéré de comparer Barreiros à Marbella”.
Des logements non terminés
Cette folie des grandeurs en est au point mort puisque plus personne ne s’intéresse à ces infrastructures sans assainissement et sans électricité qui s’étendent sur les plages de la côte galicienne. De nombreux promoteurs ayant investi dans ce projet, où 44 licences illégalles ont été délivrées, ont été contraints de se déclarer insolvables, obligeant les banques à reprendre le flambeau.
Sur les 6.000 maisons initiales, seules 997 d’entre elles devaient être occupées. Mais là encore le compte n’y est pas. 900 ont seulement leur structure achevée ou sont totalement terminées mais inhabitées, faute d’obtention de licences légales.
Un passage au tribunal
Ce chantier à l’abandon a valu au maire Alfonso Fuente Parga, ainsi qu’à cinq de ses conseillers municipaux et une architecte, de se retrouver devant les tribunaux en novembre dernier pour crime de prévarication urbaine.
Après son acquittement, le maire a donc contraint les actuels promoteurs et constructeurs à prendre une décision dans les quatre mois: poursuivre ou abandonner définitivement la construction. Le but étant que “ces squelettes d’édifices inhabités” n’enlaidissent pas sa municipalité “connue pour être une référence touristique du nord de la Galice”.
Des habitants sur le départ
Ces résidences secondaires initiallement prévues à un prix de 150.000 euros, pourraient être revues à la baisse au prix de 20.000 euros, et proposées aux locaux. Mais ces derniers quittent petit à petit le village. Quand les licences illégales ont été délivrées, ils étaient 3.300, soit 14% de plus qu’actuellement.
À l’inverse de cette désertification qui touchent certains villages, d’autres villes portuaires n’ont pas été tentées par ce boom immobilier. Elles ont conservé leur cachet historique, les rendant ainsi attractives aux yeux de nombreux touristes qui viennent découvrir leur patrimoine et leur offre gastronomique.
Camille Sánchez