Carlos Lospitao, Idealista, 15 julio 2022
L’invasion de l’Ukraine, la hausse des coûts de construction et l’augmentation des prix de l’approvisionnement énergétique ont commencé à avoir un effet sérieux sur le secteur du développement espagnol. Selon idealista/news, certaines entreprises ont cessé de vendre des terrains en raison de l’incertitude générée dans le secteur. “Cette crise énergétique a augmenté le prix des matériaux, provoquant des problèmes de manque d’approvisionnement, des retards et même des abandons de travaux”, selon les informations de la CNC, l’association patronale de la construction.
“Je crois qu’il n’y a pas deux développeurs identiques et chacun a ses propres marchés, ses propres niches et nous allons voir des comportements différents. Ce que je perçois, c’est de l’activité, du bon sens. Les 100.000 logements construits par an reflètent, de mon point de vue, une opportunité de croissance de manière raisonnable. Certains développements peuvent être retardés en raison de certaines attentes du marché. Là où il peut y avoir plus de tension, c’est dans la négociation des prix avec les entreprises de construction des maisons. Nous devrons voir comment les contrats sont conclus”, déclare Juan Fernández-Aceytuno, directeur général de la Sociedad de Tasación.
De son côté, Juan Antonio Gómez-Pintado, président des promoteurs espagnols (APCEspaña), s’attend également à une diminution de l’offre de nouvelles constructions. “Les travaux commencés avant la crise seront terminés, mais 43 % des développements qui attendent encore l’octroi d’un nouveau permis de construire attendront que l’environnement économique s’améliore”, souligne-t-il.
“Le principal problème auquel est confronté le secteur de la construction à l’heure actuelle est la crise énergétique, qui a fait grimper les prix et asphyxie les promoteurs et autres entreprises du secteur”, ajoute le CNC. La spirale inflationniste a commencé fin 2020 sur le prix des matériaux, mais s’est révélée dans toute sa crudité sur la facture énergétique depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
“Nous avons mis en garde dès le départ contre la variation importante des coûts. Dès octobre 2021, nous avons produit une étude sur le prix des matériaux de base, qui a révélé que le coût des travaux de construction avait augmenté de 22,2 % en moyenne. Aujourd’hui, il est déjà supérieur à 30 %”, a prévenu l’association des employeurs à idealista/news.
En janvier de cette année, le CNC a publié un autre rapport sur l’existence d’appels d’offres désertés en raison de l’incertitude des entreprises à prévoir des hausses de prix plus importantes. Les données reçues par le seul CNC ont permis d’identifier plus de 500 appels d’offres abandonnés, pour une valeur de plus de 230 millions d’euros. “Nous savons aujourd’hui que ces chiffres n’ont fait qu’augmenter”, rapportent-ils.
Il est vrai que le 2 mars, le gouvernement a approuvé le décret-loi royal 3/2022 avec des mesures extraordinaires pour réviser, à titre exceptionnel, les prix des contrats de travaux publics affectés par la hausse du prix des matériaux. Cette règle a ensuite été étendue, le 30 mars, par le décret-loi royal 6/2022, qui n’a toutefois pas été suffisamment efficace, notamment pour les PME, selon le CNC.
La guerre en Ukraine a aggravé les dépassements de coûts énergétiques, qui peuvent atteindre plus de 30 % du coût total d’un projet. “C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase et de nombreuses entreprises sont déjà au bord de l’asphyxie. D’où notre insistance auprès du gouvernement pour qu’il inclue une fois pour toutes dans l’application de la révision des prix la somme de l’énergie et qu’il ajuste les autres extrêmes qui entravent considérablement son application pratique”, a conclu l’association patronale de la construction.
Une baisse des permis de construire
Il convient de noter que les nouveaux permis de construire ont subi un fort ralentissement, après un début d’année vigoureux. Jusqu’en avril, 34.935 logements avaient été approuvés, soit 6 % de plus qu’au cours des quatre premiers mois de l’année précédente, selon les données du ministère des transports, de la mobilité et de l’urbanisme (Mitma). Mais ce chiffre de croissance cumulée vit au rythme d’un début d’année qui a dépassé celui de 2021, notamment en mars, où 11.065 unités ont été approuvées, soit le quatrième meilleur record de la série depuis 2008 : seuls les mois de juillet 2018 (12.172), juillet 2019 (11.997) et septembre 2021 (11.517) ont vu autant de logements approuvés.
Mais le mois d’avril a connu une baisse de 28 % par rapport à avril 2021, et même de 40,3 % par rapport à mars. Il s’agit du pire mois d’avril depuis 2017, à l’exception de 2020, où le quatrième mois de l’année pandémique avait vu l’activité économique s’arrêter.
Les logements en immeubles (-33 %) ont connu la plus forte baisse, malgré plus de 4.700 approbations, contre un recul de 11,4 % en glissement annuel pour les maisons individuelles, avec un peu moins de 1.900 unités. La baisse en glissement mensuel est encore plus importante, avec respectivement 42,5 % et 34 %.
Source Idealista