Chaque semaine, Le Courrier d’Espagne vous fait découvrir l’agriculture espagnole dévoilant la diversité de ses terres sous des prismes différents : ses cultures herbacées, ses vignobles, ses productions d’arbres fruitiers, de légumes et ses prairies. Cette semaine, notre article analysera les productions des agrumes espagnols. Cette culture comprend 5 espèces (orange douce, orange amère, mandarine, citron et pamplemousse) et 13 variétés principales.
La valeur de la production d’agrumes s’élevait à 2 212 millions d’euros en 2022, selon les données de l’Avance de la Renta Agraria Nacio- nal. Elle représente 6 % de la production végétale.
La production a enregistré une réduction en valeur par rapport à 2021, ainsi qu’une contraction en volume. La réduction de la valeur est due à la concurrence asymétrique avec les pays tiers, soumis à des coûts de production inférieurs qui leur permettent d’offrir des fruits à des prix plus bas. La baisse de la production est due à la sécheresse et aux mauvaises conditions climatiques qui ont réduit les récoltes.
La situation inflationniste a augmenté les coûts de production depuis 2022, mais ceux-ci n’ont pas été répercutés sur les prix. Les associations d’agriculteurs soulignent les asymétries générées par les différentes exigences phytosanitaires et de contrôle des parasites appliquées aux produits importés.
La culture des agrumes est essentiellement irriguée. Ses rendements sont supérieurs à ceux d’autres arbres fruitiers irrigués (autres que les agrumes). La valeur des terres utilisées pour les agrumes augmente légèrement. Les exploitations sont légèrement plus petites que pour les arbres fruitiers irrigués.
Les importations d’oranges à des prix inférieurs en provenance d’Afrique du Sud, du Maroc et d’Amérique du Sud ont créé une situation de concurrence asymétrique.
- Les importations d’oranges à des prix inférieurs en provenance d’Afrique du Sud, du Maroc et d’Amérique du Sud ont créé une situation de concurrence asymétrique que les agriculteurs nationaux qualifient parfois de déloyale, compte tenu des différentes exigences de production et des contrôles phytosanitaires auxquels les produits sont soumis.
- La concurrence des importations entraîne un engagement en faveur des citrons et une réorientation de la destination de la production d’oranges, qui étaient auparavant consommées sur le marché intérieur et sont désormais destinées à l’exportation (principalement vers l’Europe).
- Le marché très concurrentiel, ainsi que l’impact du climat et de la sécheresse, qui réduisent la production, favorisent le manque de renouvellement des générations et la tendance à l’intégration verticale des exploitations afin d’optimiser les coûts. Il en résulte un di- namisme dans l’achat et la vente des exploitations d’agrumes qui tire leur valeur vers le haut.
ZONES IRRIGUÉES ET MÉTHODES D’IRRIGATION
GÉNÉRALITÉS. Les cultures d’agrumes atteignent 309.300 ha cultivés en 2022 (+0,7% par rapport à 2021) et représentent 8% de la surface totale cultivée.
LOCALISATION. Elles sont fortement concentrées sur la côte méditerranéenne et dans les zones intérieures du sud de la péninsule ibérique, notamment dans la communauté de Valence (50,4%), en Murcie (14,8 %) et en Andalousie (30,9%, en particulier à Séville et à Huelva).
MODALITÉ D’IRRIGATION. Irrigué. 92% de la superficie totale d’agrumes est irriguée. Cela représente 8 % de la superficie irriguée totale au niveau national. C’est la culture qui a la plus grande part dans ce type d’irrigation. Culture pluviale. 8% de la superficie totale consacrée aux agrumes est cultivée en régime pluvial.
ÉVOLUTION. La superficie nationale consacrée aux agrumes est restée stable au cours des dernières années bien que la répartition régionale montre des évolutions disparates :
- La communauté de Valence, première région productrice d’agrumes (155.900 ha), a enregistré une réduction continue de la superficie consacrée à cette culture, ce qui représente une baisse de -8,8% au cours des 10 dernières années (-2,6% en 2022).
- L’Andalousie, deuxième région productrice d’agrumes (95.400 ha), affiche une tendance à la hausse continue de +18,3 % au cours de la dernière décennie (+7,7% en 2022).
- La Murcie (45.700 ha) affiche une augmentation de la superficie au cours de la dernière décennie de +13,3% (stable en 2022).
- La Catalogne (9 800 ha) enregistre des réductions continues au cours de la dernière décennie, ce qui se traduit par une augmentation de la superficie au cours de la dernière décennie (+7,7% en 2022).
PRIX DES TERRES AGRICOLES
Dans les principales régions productrices d’agrumes, la valeur des terres consacrées à la culture des agrumes a connu une tendance à la baisse entre 2010 et 2020, en partie à cause de la concurrence des importations. Depuis 2020, la valeur de ces terres s’est stabilisée et a légèrement augmenté.
Au niveau national, le prix du sol est stable avec une légère tendance à la hausse plus prononcée en 2023.
L’analyse géographique révèle que la Communauté de Valence est la région qui a connu les plus fortes baisses de la valeur des terres, la Région de Murcie s’est maintenue et l’Andalousie a enregistré de légères hausses. Ces évolutions différentes sont dues aux différentes espèces et variétés cultivées dans chaque région, qui sont affectées différemment par la concurrence des importations, en particulier pour certaines variétés d’agrumes.
Irrigué. Tendance stable depuis 2017 après les baisses précédentes, avec une légère hausse récente. Sur les 5 dernières années, elle enregistre une croissance annuelle moyenne de +1% et atteint en 2023 une valeur moyenne de 55 100 €/ha.
IMPULSION DU MARCHÉ
Détail géographique
Andalousie. Diminution de la production d’agrumes en 2023 en raison de la sécheresse et de la réduction de l’approvisionnement en eau. Dans certaines régions, le manque de main-d’œuvre pour la récolte a contribué à la baisse de la production.
Catalogne. Il y a eu une intégration verticale des exploitations agricoles, absorbées par les entrepôts d’agrumes pour optimiser les coûts. Ces achats ont légèrement augmenté le prix des terres pour ces cultures.
Valence. L’abandon de la culture des agrumes se poursuit, bien que dans une moindre mesure que les années précédentes. Dans toutes les zones propices à la culture de ce fruit tropical, on a assisté à une transformation des exploitations d’agrumes en exploitations d’avocats. Cela n’a pas entraîné de changement significatif de la valeur des terres.
Murcie. Dans cette région, les cultures sont de plus en plus limitées en raison de l’urgence environnementale décrétée dans la Mar Menor. Dans certains endroits, l’approvisionnement en eau pour l’irrigation a été supprimé. Les prix des agrumes dans la région commencent à refléter ces restrictions.
Source : Tinsa