Selon la Banque mondiale, l’inégalité sociale est l’obstacle principal à la prospérité de la région. Malgré des progrès significatifs, l’Amérique latine n’atteindra le niveau de bien-être des pays les plus développés qu’en 2052. En mai 2011, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) dispose d’un indicateur « vivre mieux » pour évaluer le bien-être des 34 pays riches qui en font partie et mesurer les conditions de vie de leurs habitants. Cet indicateur est l’une des pistes développées pour améliorer les mesures de la croissance économique. Ainsi, les évaluations du niveau de bien-être ne se limitent plus aux chiffres du Produit intérieur brut (PIB) mais comprennent onze autres critères : le logement, les revenus, l’emploi, les liens sociaux, l’éducation, l’environnement, la gouvernance, la santé, la satisfaction générale, la sécurité et l’équilibre entre la famille et le travail. Par exemple, au Brésil, le taux d’homicides au Brésil est de 21.0 pour 100 000 habitants, soit environ dix fois le taux moyen de l’OCDE, qui est de 2.2. En outre, l’espérance de vie est de 74 ans dans le pays, alors que l’espérance de vie moyenne au sein de l’OCDE atteint 80 ans. En avril dernier, la Banque mondiale a engagé un plan « pour en finir avec l’extrême pauvreté au niveau mondial avant 2030 et promouvoir la prospérité partagée ». Selon le rapport publié ce mois-ci, l’Amérique latine et les Caraïbes ont fait de remarquables progrès ces quinze dernières années dans le recul de la pauvreté et le développement de la prospérité dans tous les niveaux de la société. En effet, depuis 2000, l’extrême pauvreté (moins de 2,50 $ par jour) a baissé de moitié et en 2011, la région recensait pour la première fois plus de personnes dans la classe moyenne que sous le seuil de pauvreté. Néanmoins, environ 80 millions de personnes vivent toujours dans l’extrême pauvreté, dont la moitié au Brésil et au Mexique. L’inégalité sociale reste un frein à la croissance. « Deux générations seront nécessaires pour atteindre le niveau de bien-être des pays les plus développés de l’OCDE » a déclaré Louise Cord, directrice du secteur de la réduction de la Pauvreté de la Banque mondiale dans l’Amérique latine et la région des Caraïbes, et responsable du rapport. Selon elle, si les gouvernements de la région ne prennent pas en compte le problème de l’inégalité sociale, cela pourrait retarder le processus de dix années supplémentaires, passant ainsi de 2052 à 2062. « L’un des grands défis auxquels la région doit faire face ce sont les déséquilibres constants des niveaux de vie dans les pays de l’Amérique latine », indique le document. Plusieurs pays pourraient toutefois se rapprocher de l’égalité parfaite (calculée selon le coefficient Gini : la mesure du degré d’inégalité de la distribution des revenus dans une société), avant 2030 : l’Argentine, la République dominicaine, l’Équateur, le Salvador, le Mexique, le Nicaragua, le Pérou et l’Uruguay. Le rapport met en évidence qu’un renforcement du rapport entre la croissance et l’égalité, notamment l’amélioration du bien-être auprès des classes les plus vulnérables stimulerait la prospérité au sein de la région. Le document suggère ainsi une série de réformes pour améliorer la croissance et réduire les inégalités sociales. Celles-ci proposent notamment de modifier le système fiscal à travers une « politique fiscale équitable, efficace et durable », fortifier la transparence et l’accès aux institutions publiques, accroitre la qualité de l’éducation ou encore développer le système sanitaire et l’accès à l’eau.