Les différents acteurs de la sphère privée, et tout particulièrement les PME, s’accordent sur ce point depuis plusieurs mois : il est toujours extrêmement difficile pour les entreprises de se financer aujourd’hui en Espagne. Or, dans un contexte de sensible reprise économique, l’accès à des sources de financement est fondamental pour réamorcer la pompe de la croissance. Investir et développer de nouveaux projets, embaucher, restructurer, relancer, innover… autant de défis qui requièrent une mise de base conséquente que les entreprises ne peuvent engager sans recourir au crédit bancaire. Cependant, le paysage du crédit est encore bien terne et ce sont les PME qui en pâtissent en premier lieu. Tout d’abord, les garanties exigées par les banques actuellement dépassent l’entendement et constituent un premier frein à l’accès au financement. On demande dorénavant aux petites structures de pouvoir présenter en garantie le montant qu’elle souhaite emprunter, soit des exigences inaccessibles pour la majorité d’entre elles. Mais ce qui est le plus alarmant avec la crise, c’est le grand écart que font les courbes de taux d’intérêt (voir graphiques ci-dessous). En effet, on observe en Espagne que les taux d’intérêt appliquées pour les crédits d’un montant de moins d’1 million d’euros se sont clairement envolés pour atteindre 5,36% en moyenne actuellement, alors que les taux appliqués aux plus gros emprunts (donc réalisés la plupart du temps par de plus grosses structures) se sont stabilisés, après leur vertigineuse chute en 2008, pour se situer à 2,62% aujourd’hui en moyenne. Que les exigences imposées aux PME soient supérieures à celles que connaissent les firmes multinationales peut paraître normal, notamment pour les jeunes PME qui ne peuvent présenter une quantité d’informations aussi rassurante que leurs consœurs, auditées annuellement. Mais dans le cas présent, même le gouvernement Rajoy s’est inquiété de la situation considérant que la ligne de crédit ne répondait pas du tout aux objectifs fixés par les politiques, et que les PME étaient de nouveau pénalisées alors qu’elles portent aujourd’hui la majeure partie de l’emploi en Espagne. Aussi il s’avère que le crédit disponible a été en grande partie absorbé par le secteur public espagnol, autre préoccupation actuelle du gouvernement face à des entreprises qui voient des possibilités de relance leur filer entre les doigts au profit du renflouement de structures publiques surendettées. Dès lors, il apparaît que le retour à une politique de crédit plus indulgente de la part des banques, sans pour autant retomber dans les extrêmes d’avant crise (évoqués dans notre interview de Stéphane de Creisquer), est un des éléments clefs à la reprise du pays et au retour de la compétitivité espagnole. L’Espagne touche du doigt la croissance, et pour sauter le pas il lui reste à déverrouiller les vannes du financement privé. Comparatif des courbes de taux d’intérêt appliquées sur les emprunts de moins et plus d’un million d’euros pour l’Allemagne, la Zone Euro et l’Espagne – Source Banque d’Espagne Espagne Taux d’intérêt pratiqués en moyenne pour les crédits aux entreprises en Espagne Allemagne Taux d’intérêt pratiqués en moyenne pour les crédits aux entreprises en Allemagne Zone Euro Taux d’intérêt pratiqués en moyenne pour les crédits aux entreprises dans la Zone Euro