Il devait être la gloire de la station balnéaire espagnole, il prend aujourd’hui des airs de chantier abandonné. Le gratte-ciel In Tempo est pratiquement terminé, mais les dettes accumulées par la construction ont paralysé les derniers travaux. Le projet In Tempo était pour le moins ambitieux : 200 mètres de hauteur, la plus haute tour de d’habitation d’Europe, un design novateur avec deux numéros 1 se faisant face et couronnés par un cône inversé, un investissement de 100 millions d’euros pour la réalisation des travaux. Un projet démesuré aujourd’hui, mais qui n’était pas si fou il y a 8 ans lorsque la banque Caja de Ahorros de Galicia (aujourd’hui la Novacaixagalicia) accepta de prêter aux promoteurs un total de 93 millions d’euros. Pourtant la rentabilité de l’opération pouvait être mise en doute et les services d’analyse et gestion du risque de la banque auraient dû s’en alarmer. Mais les travaux débutèrent en 2006 et l’année suivante, une centaine d’appartements étaient déjà réservée. Cependant, l’éclatement de la bulle immobilière a rapidement paralysé les ventes et ralenti le chantier. En 2012, la Sareb reprend la dette du projet, assurant qu’elle paiera les entreprises créancières et les acheteurs pénalisés par le retard des travaux. Plusieurs créanciers ont déjà demandé la saisie d’appartements et certains l’ont obtenue. Pour ajouter au chaos ambiant, rien ne va plus entre les deux promoteurs, Ignacio Bononat et José Ignacio de la Serna, deux grands amis intimes depuis des années, considérés comme les promoteurs les plus importants de Benidorm. L’un et l’autre s’accusent de mauvaise gestion, et le second a même déposé une plainte contre le premier. Nul ne sait encore quand ce gratte-ciel de 47 étages pourra accueillir ses premiers habitants et tandis que l’immeuble est presque achevé, il reste encore toute la zone l’entourant à aménager. « Chaque fois que je passe devant, cela me donne envie de pleurer » confiait José Ignacio de la Serna au quotidien Cinco Días. Un exemple de plus de la folie des grandeurs d’une Espagne disparue.