C’est la question que tout le monde se pose… Alors que la péninsule ibérique a connu le confinement le plus strict du monde (sport en plein air et promenades interdites pour les enfants) et alors que depuis le retour à la “nouvelle normalité”, les mesures de prévention sont également parmi les plus sévères (les plus “liberticides” disent certains), le pays fait face à une recrudescence de cas positifs.
Les autorités régionales de Madrid ont dû recommander à la population des zones les plus affectées par le coronavirus, de se confiner; d’autres villes ont pris des mesures similaires avec des restrictions diverses et Pedro Sanchez, le chef du gouvernement vient d’annoncer la mobilisation de militaires pour “pister” les éventuels cas positifs ainsi que la possibilité pour les 17 régions de déclarer elles-mêmes l’état d’urgence si nécessaire, tout cela, à la veille d’une rentrée scolaire marquée par l’incertitude la plus totale quant aux modalités de fonctionnement dans les écoles et universités.
Sanidad annonce que près de 3 000 nouveaux cas positifs ont été détectés ces dernières 24h, un chiffre qui selon les jours peut atteindre 4 000.
Le nombre total de dèces est de 28 924 dont 116 ces 7 derniers jours. À noter que 87 personnes sont entrées en soins intensifs sur cette même période.
L’eurodéputé José Ramón Bauzá,(Ciudadanos) a d’ailleurs demandé officiellement à la Commission européenne d’enquêter sur les facteurs du taux de contagion de Covid-19 « inhabituel » connu par l’Espagne.
« Si le port du masque est obligatoire, les mesures de distanciation sociale maintenues, la capacité d’accueil des salles réduite et les loisirs nocturnes restreints, pourquoi les contagions augmentent aussi drastiquement ? » demande- il.
Flux touristiques, fiabilité des tests et homogénéité des comptages
Il est difficile d’expliquer avec certitude les raisons de ces mauvais chiffres mais il apparait clairement que les flux touristiques des mois de juin, juillet et août ont eu des conséquences négatives pour l’Espagne qui malgré tout a accueilli de nombreux vacanciers en provenance de pays également sévèrement touché par la pandémie (notamment le Royaume Uni).
Un autre motif souvent invoqué : le fait d’avoir laissé presque tout l’été les discothèques et lieux de loisirs nocturnes ouverts (les restrictions et fermetures viennent seulement d’être décidés) contrairement à la France ou à l’Italie qui n’avaient pas permis leur réouverture.
Et puis, la question du nombre de test et surtout de leur fiabilité revient : le nombre de cas positifs n’a de valeur que s’il est comparé au nombre total de tests effectués et des doutes planent sur l’uniformité des méthodes de comptage des différents pays. De plus, certains tests n’auraient qu’une fiabilité extrêmement limitée, ce qui explique pourquoi, une même personne est testée positive un jour et négative le lendemain.
La situation sanitaire en Espagne reste donc sous haute surveillance mais le nombre de positifs asymptomatiques représente une large majorité et le nombre d’hospitalisation et de décès semble contrôlé puisque le taux d’occupation des hôpitaux se maintient en dessous des 5 %.
L’Espagne sait qu’elle ne peut se permettre plus de “casse” sur le plan touristique, économique, social et politique et tente d’endiguer ce qui ressemble un peu à une seconde vague.
Laurence Lemoine